Un excellent article a lire absolument parce que cela n'arrive pas qu ' aux autres et qu' a priori la dureté de notre sport ferait de nous des cibles privilégiés ...
Burn-out et vélo : voici mon expérience ( pas la mienne , celle de l'auteur ! )
Le burn-out, si redouté, n’arrive pas qu’aux autres, même si on est sportive et en pleine santé comme moi. Si vous êtes abonné-e à ma newsletter, je vous ai déjà révélé à demi-mot durant l’été que je n’affichais pas une forme olympique…
La raison première de cette baisse de forme – du moins je l’ai cru un moment – c’était l’âge, un cap chargé de bouleversements physiques incontournables, très souvent difficile à passer dans la vie d’une femme ou d' un homme .
Ce cap est d’autant plus pénible lorsqu’on est sportive, à cause de changements physiques durs à gérer : prise de poids malgré le sport, troubles du sommeil, bouffées de chaleur (sur le vélo, quand il fait 30°C, ou au contraire, quand il fait froid, être en sueur en 15 secondes, pas génial !).
Bref, une galère…
En fait, je n’avais pas tout vu ! Les soucis hormonaux, bien réels, c’était la pointe de l’iceberg : dessous se cachait bel et bien un burn-out.
Ne pas vouloir lâcher la barre – ou plutôt le guidon :
Nous, les sportifs, avons un gros avantage, mais aussi un gros handicap :
Le gros avantage : grâce au sport, nous arrivons à équilibrer notre vie. Contre le stress et les problèmes divers, j’ai donc une super une antidote qui se nomme: le vélo !
Le gros handicap : cet équilibre se fragilise quand on s’épuise tellement par le stress qu’on n’a même plus assez de jus pour aller rouler !
Mais comme tout sportif accro et obstiné, qu’est-ce que j’ai fait ? Je me suis persuadée que ça ne pourrait aller que mieux, alors j’ai continué, continué…
Grave erreur !
En fait j’ai tiré, tiré sur la corde et donc complètement déséquilibré la balance en épuisant totalement mon corps, au point de m’écrouler.
Ce que j’ai appris, c’est qu’un burn-out, ce n’est pas seulement un épuisement psychique comme on a tendance à le croire : il est aussi et avant tout physique.
Dans notre corps, cela se traduit par un épuisement total des glandes surrénales, qui produisent les hormones qui servent à fournir l’énergie et au bon fonctionnement du cerveau.
Quand ces glandes sont épuisées, toutes nos batteries sont pratiquement à zéro ! Non seulement on n’a plus d’énergie au niveau physique, mais nos neurones n’arrivent plus à réfléchir.
Alors quand mon médecin m’a mise en arrêt total de travail, c’est là que j’ai compris qu’il fallait que je me retape sérieusement… Mais comment ? Voici mon cheminement :
Mon médecin m’a donné une magnifique illustration de ma situation :
Je me suis engagée sans le savoir – ou sans vouloir le voir ! – dans un chemin sans issue, et surtout de plus en plus semé d’embûches (dans la vie courante elles s’appellent : problèmes, stress, fatigue…).
Mais vaillamment (ça c’est mon côté de sportive combative – ou bornée), j’ai continué, continué…
Par chance, je me suis arrêtée avant la fin du chemin et ne me suis pas écrasée contre le rocher qui le bloquait… ouf !
Il a alors fallu faire demi-tour et, épuisée, je suis repartie dans l’autre sens, très lentement, en m’arrêtant très fréquemment pour reprendre des forces (j’ai nommé :
sommeil, repos, alimentation reconstituante, relaxation, lâcher prise…).
Une certitude tout de même : je savais que j’allais ressortir de cette impasse !
Et une fois que je serai revenue à la bifurcation (à l’heure où j’écris ces lignes, je n’y suis pas encore, mais j’ai déjà fait un bon bout de chemin) et que j’aurai retrouvé toutes mes forces, je devrai décider sur quel chemin je vais m’engager – pas exactement le même, sous peine de replonger, évidemment.
Première chose, la plus dure : laisser le vélo prendre la poussière… Avec le magnifique été que nous avons eu en Suisse, je ne vous dis pas le coup au moral .
Appliquer ensuite les remèdes suivants pour recharger ses batteries (c’est-à-dire les fameuses glandes surrénales) :
dormir, dormir, dormir, dormir, n’importe quand, le plus souvent possible ! (les deux premières semaines, je faisais 2 siestes le jour et je dormais encore 8-10 h la nuit)
manger des tonnes de fruits et de légumes et stopper tout stimulant (genre café, épices…) qui ne feraient que stresser ces pauvres glandes, de même que tout ce qui est lourd à digérer
aller au soleil (pour la vitamine D)
travailler sur soi : relaxation par des (auto-) massages, méditation, réflexologie ou autres méthodes qui agissent sur les émotions pour faire « sortir » tout ce qu’on a accumulé
s’oxygéner en pratiquant des respirations profondes, de la gym très douce, des balades…
Et le vélo dans tout ça ?
J’ai pu recommencer le vélo au bout de quelques semaines, mais à doses homéopathiques (25-30 km) et, sur ordre de mon médecin (spécialisé dans le sport), ne pas dépasser 135 pulsations/minute. C’est très bas !
Mais il avait raison : dès que je force un peu, patatra ! Je suis de nouveau complètement à plat pour 2-3 jours…
Mais pourquoi cette limite de 135 pulsations/minute ?
En fait, toujours selon mon médecin, 125 serait encore mieux… Essayez ! Oui, c’est possible sur des routes totalement plates (ça n’existe pas où j’habite) ou alors sur le home trainer. Mais faire du home trainer dedans alors que dehors le ciel est bleu… c’est trop dur moralement !
En fait, cette limite de 125-135 est celle au-delà de laquelle le corps va (déjà !) puiser dans nos réserves énergétiques. Alors que c’est justement elles qu’on cherche à recharger !
Mon médecin m’a illustré ça de manière assez brutale :
« Un chien à moitié mort, on ne va pas lui taper dessus, on va le soigner ».
OK, j’ai compris…
Quand le corps est à ce point épuisé, il est en effet impossible de brûler les étapes…
…
Et le retour à un niveau de forme « normal » est long, très long ! Il faut bien compter 2-3 mois (voire plus) pour remonter complètement, ce qui ne fait pas plaisir à l’employeur, évidemment… Mais comme on dit : « Qui va piano va sano ». Ici, on n’a pas le choix.
ce qui est le plus dur : il faut accepter l’épuisement, accepter de devoir délaisser le vélo, de faire une croix sur sa saison de vélo (j’ai dû annuler tout que j’avais prévu, de juin à fin septembre).
Il faut aussi se détacher complètement de la cause du burn-out (dans mon cas : le boulot). Heureusement, la mise en arrêt à 100 % me le permet et mon médecin est là pour veiller à ce que cela se passe bien.
Il faut s’occuper de soi à 100 % et ralentir son rythme de vie, ce qui est très mal vu dans notre société excitée et trépidante.
Et, le plus dur, il faut faire accepter cette situation à son entourage. Non seulement quand on est en burn-out, on doit se gérer physiquement et mentalement, mais on doit aussi (di)gérer l’incompréhension des autres.
Mais je crois qu’en l’expliquant grâce à la physiologie (glandes surrénales et pas seulement « dans la tête »), c’est beaucoup mieux compris, car ça se réfère à quelque chose de concret, de physique. C’est en tout cas ce que j’ai constaté.
En effet, vu de l’extérieur, le burn-out est perçu de manière très négative : on est juste quelqu’un qui a « pété les plombs », qui est donc faible et ou plus apte à assumer ses responsabilités.
Oui, on a pété les plombs, mais parce que nos batteries physiques n’ont plus de jus !
Ensuite, quand on commence à remonter la pente, autant le sport devient important pour se faire du bien à toute petite dose au jour le jour, autant il est important de travailler sur soi, de réfléchir à son avenir, pour ne pas retomber dans le même piège !
Comment ne pas en arriver au burn-out ?
Ce n’est pas facile : on est tellement influencé par notre société, qu’on n’ose plus s’écouter, plus repérer les signes avant-coureurs et oser – oui,
oser ! – ralentir, voire prendre les décisions qui s’imposent avant que ce soit la catastrophe. On est fier et on craint les critiques des autres.
Les signes avant-coureurs sont notamment, vous l’aurez compris :
la fatigue
l’épuisement
les troubles du sommeil
les troubles de la mémoire et de la concentration
l’énergie en constante baisse sur le vélo
Egalement vos pulsations, systématiquement trop hautes au réveil, que vous ayez ou non fait une sortie à vélo la veille.
Finalement, le sport va beaucoup vous aider à voir ce qui se passe : si votre niveau de forme baisse constamment, c’est que votre corps n’arrive plus à suivre. Il ne faut pas négliger cette alerte et réagir assez tôt ! Pas comme moi… :oops:
Voici encore un belle illustration de mon médecin :
« Vous, les sportifs, quand vous tombez du 20e étage, vous ne pensez à ouvrir votre parachute qu’au niveau du 1er étage en vous disant que ce sera suffisant ».
Non, ce n’est pas suffisant, j’en ai fait l’expérience…
Pour conclure :
Cet article n’est pas des plus gai, je vous l’accorde, mais je tenais à vous en parler pour que vous ne fassiez pas comme moi si jamais cela vous arrive – ce que je ne vous souhaite pas ! – ou pour comprendre les personnes de votre entourage qui sont entrain de se débattre dans cette galère.
Je voulais aussi que vous compreniez mieux ma « baisse de production » sur ce blog cet été : mes neurones tournaient au ralenti, voire quasiment plus du tout ! Je ne vous dis pas le temps que j’ai mis pour écrire et mettre en forme cet article-ci… Pourtant, vous faire faux bond ainsi, ça me manque.
Il faut dire aussi que rédiger des articles à propos d’une passion que je ne pouvais plus du tout pratiquer (et toujours seulement à toute petite dose actuellement), ce n’est pas des plus facile… Je suis encore loin d’avoir retrouver ma forme, mais c’est heureusement en bonne voie.
Et je vous rassure, je garde le moral. J’ai la chance de n’avoir qu’un burn-out et rien de plus grave. Si cette année est définitivement mise entre parenthèses, je compte bien me rattraper sur ce blog (ça c’est pour les neurones), ainsi que la saison prochaine sur le vélo (ça c’est pour l’énergie physique) et reprendre mes Projets de vélo 2013 … en 2014 !
Antoinette
http://velodecoursepourleplaisir.com/